Une boucle de 4 jours autour du Pic de la Sabine
Mi août 2018, je décide d'aller randonner en autonomie dans le massif de l'Aston. Je l'ai souvent parcouru avec ma compagne. Je prépare une boucle de 4 jours qui passe cette fois-ci par le sommet du Pic de la Sabine. Une fenêtre météo semble s'ouvrir le 10 août.
Je prépare un sac de 6 à 7kg au total : nourriture pour 5 jours, duvet, matelas gonflable, popote, tarp...
Vendredi 10 août.
Je gare mon véhicule vers le Barrage de Riète, le parking où passe le GR10. Je rejoins à pied la centrale de Laparan et je prends le sentier qui monte en longeant le ruisseau de Quioules. Il y a du brouillard. Manque de chance je perds une petite sacoche avec mon petit opinel et ma boussole. J'ai une carte IGN au 1:25000 en papier et une autre dans mon smartphone (gps), un chargeur solaire avec une batterie de secours. Je ne m'inquiète pas.
Pas mal de champignons sur les bords du sentier dans les bois. Je suis un peu loin du repas et je n'ai pas envie de charger mon sac.
Je veux monter en direction de la cabane "Rieutort de Gascous" (1740m).
Arrivé à une grande conduite d'eau et des piles de pont je traverse le ruisseau et je suis un "sentier" qui monte en croisant plusieurs fois cette conduite. Il faut le deviner... Arrivé au sommet de la conduite (avant qu'elle ne disparaisse) un sentier part plein nord pour rejoindre un barrage (la prise d'eau ?) sur le ruisseau (torrent) de Rieutort de Gascous. Là je ne sais plus par où passer, c'est très raide le long du torrent. Je décide de revenir sur mes pas d'une vingtaine de mètres et je coupe en montant à travers bois plein Ouest, en controlant de temps en temps ma direction sur mon gps. C'est très raide avec souvent des plantes hautes qui limitent ma progression. J'ai sûrement loupé une voie plus facile ?
J'ai chaud. J'arrive enfin sur une sorte de prairie couverte de myrtilles, assez sauvage. Je rejoins le ruisseau et je le longe sur sa rive droite. Enfin, grace à mon GPS et la carte dans mon smartphone, j'approche de la cabane et je l'aperçois dans le brouillard.
Un groupe de jeunes randonneurs déjeunent davant la cabane. Voilà 2 jours qu'ils sont bloqués là par le brouillard. Profitant d'une éclaircie ils reprendront leur chemin peu après.
Personnellement, je préfère attendre que cela se lève complètement pour aller sur le Pic de la Sabine. Le brouillard peut revenir très vite....
Le paysage alentour est très sauvage, superbe... Il donne envie de le parcourir en prenant le temps.
La cabane "Rieutort de Gascous" est une "luxueuse" cabane de chasseurs donc à ne pas compter sur elle en octobre. Il y a pratiquement tout le confort et même un robinet d'eau. Elle est propre. Je m'installe. Je feuillette des magazines trouvés sur place pour passer le temps car le brouillard revenu m'enlève l'envie de parcourir les alentours.
Samedi 11 août.
Plus aucune trace du brouillard. Je déjeune pour démarrer dès le lever du jour. Le soleil semble être de la partie. Je veux rejoindre le Pic de la Sabine en empruntant la crête de Carau. Puis redescendre pour passer la nuit à la cabane de la Sabine.
D'abord je cherche à rejoindre la crête en prenant grosso modo la direction sud ouest à partir de la cabane et en contournant par le sud un petit mont (point 1938 sur la carte IGN).
Coup d'oeil en arrière :
Direction la crête de Carau...
La cabane de Quioulès en bas dans la vallée du ruisseau de même nom.
Je crois apercevoir le Pic de Riet et le Pic de l'Homme Mort ?
Un des étangs de Carau. Je redescendrai par là.
Je monte une très forte déclinaison herbeuse pour arriver sur un petit "col". Je redescendrai par là pour rejoindre et suivre le ruisseau de Carau.
Où mène ce sentier ? Le pic de la Sabine est derrière moi.
Le Pic de la Sabine, là-bas en haut...
Les derniers mètres en direction du Pic. Vue sur le Pic du Pas de Bouc, l'étang de Mille Roques et le Pic du Pas de Chien ?
Vue en arrière
Le sommet...
11 heures... Heureux. Un selfie pour ma compagne Sabine...
Je commence ma descente en suivant la crête par le sud. J'aimerai voir s'il n'est pas possible de descendre directement plein sud sur l'étang de la Sabine.
Tout en bas le ruisseau de la Sabine. Au loin le pic de Thoumasset ? La descente herbeuse a l'air raide. Et je ne vois pas tout!!! Seul, je préfère la sécurité et descendre par le ruisseau de Carau.
La descente par le ruisseau et les étangs de Carau est hors sentier. Personne semble passer par là. Pas de cairns non plus.
Ma fleur fétiche. Son parfum me réanime...
Je déjeune auprès de cet étang de Carau, le plus grand. Et je poursuis ma descente comme je peux... Toujours ni sentier ni trace.
Ce n'est pas toujours évident... Le ruisseau descend du centre de l'image, j'ai contourné sur sa gauche.
La plante fétiche de "à la poursuite du soleil" :
J'abandonne le ruisseau qui part plein Est et je descend à droite (sur la photo) d'un éboulis Sud Sud Ouest pour rejoindre une grande prairie et le ruisseau de la Sabine. Plus tard je m'aperçois que je n'aurais pas dû descendre cet éboulis et partir à gauche sur la photo direction Ouest environ. Je pouvais rejoindre ainsi un vieux sentier. Cela m'aprendra à regarder les cartes avec retardement...
Trop tard, je suis au bord du ruisseau.
Et je vais partir par là au fond pour trouver un passage.
1h30 plus tard, après avoir galéré dans le bois, ses chaos, ses ronces, ses herbes, ses pentes abruptes mais aussi heureusement ses framboises sauvages, j'arrive à déboucher sur le sentier que je cherchais... Ouf...
Il y a une dizaine d'années, montant dans le brouillard à la recherche de la cabane de la Sabine, la nuit tombante nous avions bivouaqué au bord de cette source avec ma compagne et bu du champagne pour fêter son anniversaire.
Nous n'étions plus très loin. Mais dans le brouillard et la pénombre comment trouver cette cabane recouverte d'herbe et entourée de rochers ?
La cabane de la Sabine est toute petite mais accueillante. Elle est fermée en période de chasse. C'est la 2ème fois que j'y passe la nuit. Je n'ai pas eu pour l'instant à utiliser le tarp. Le petit sac à dos Décat de 40l et à 6€ fait son job.
Des pêcheurs passent pour monter aux étangs de la Sabine, juste au-dessus, au nord. Ils me disent qu'il risque de pleuvoir cette nuit. Mais que demain tout devrait aller. Je prends ma douche sur la rive d'un torrent. Des moustiques tigres un peu patauds cherchent à me piquer.
Dimanche 12 août.
Petit déjeuner avalé et affaires rangées je décide de monter la pente plein nord pour jeter un oeil aux étangs de la Sabine et voir également de plus près ce versant du pic, la pente raide et herbeuse que je n'ai pas osé prendre hier.
Ce soir je ne sais pas où je vais bivouaquer. Cela dépendra de ma progression. La météo semble avec moi aujourd'hui.
Etang de la Sabine d'en bas et le Pic de la Sabine en face. Plusieurs bivouacs de pêcheur ou de randonneurs autours, certains pêchent déjà, d'autres prennent leur petit dej, une personne fait une salutation au soleil face au pic.
La pente pour monter au pic vue sur la photo semble très praticable. En vrai elle parait plus raide. Deux randonneurs se préparent à monter au pic par là, l'homme du yoga également.
Je poursuis mon chemin direction ouest pour le Pas de la Soulane là-bas au fond à gauche. Etang de la Sabine d'en haut :
Etangs de la Sabine au loin.
Etangs de la Sabine vu de la montée au pas de la Soulane.
Je passe le col. L'étang Blaou et au fond à gauche le Port de Siguer. Il faut que je rejoigne le GRT 65 qui y mène pour le prendre direction Nord.
L'étang Blaou toujours. Après une petite pause j'essaie de retrouver le sentier que j'ai parcouru avec ma compagne il y a déjà quelques années. Mais là je ne retrouve plus aucun cairn. Mon tracé sur la carte est très aproximatif. Bref... Je cherche cherche... sur la droite du lac en contournant le petit mont...
Je ne retrouve pas le sentier. Je cherche alors de retrouver le GRT65 au plus court. Ce qui allonge un peu mon parcours.
Cabane de Peyregrand.
Etang de Peyregrand. Un ultra-trail me rattrape. Je lui demande d'appeler ma compagne pour lui donner de mes nouvelles. Je n'ai pas de réseau depuis mon départ. Il me donne les dernières nouvelles météo : forts orages en fin d'après-midi. Argh. A mon départ ce n'était prévu que pour lundi soir!!!
A la Jasse de Brouquenat d'en bas, au Pont de la Peyre, je quitte le GR pour attaquer une montée bien raide, 600m de dénivelé, Nord Nord Est, qui mène sur la crête du Col de Bayle. Le ciel se noircit. L'orage éclate au loin. Les herbes sont hautes. Le dénivelé est fort. Se dessine parfois un semblant de sentier. C'est dommage car un sentier cairné, entretenu, avec de vrais lacets et balisé pourrait donner envie aux randonneurs de monter par là pour rejoindre un long et beau parcours de crêtes là-haut.
A la moitié de ma progression il commence à pleuvoir, le vent se lève. Je fais une pause près d'une source. Je mets ma cape de pluie. Je grignotte des fruits secs et de la pâte d'amande. L'orage se rapproche. Rester calme. La pluie et le vent se renforce.
Là-haut, sur la crête, je vais être complètement à découvert. Dans mes souvenirs il y a deux cabanes au col.
Souvenirs souvenirs, fin juillet 2009
Dans la même montée en juillet 2009 vers 16h (même heure), avec ma compagne sur une boucle avec une partie similaire. Herbe moins haute et soleil...
En face on aperçoit le sentier qui mène à l'étang de Gnioure.
Vu un peu après vers le haut:
La cabane du berger au col (elle n'est pas indiquée sur la carte IGN).
On arrivait de là au fond (comme moi cette fois-ci aussi) :
Puis après une petite pause on repartait par cette crête :
Retour à mon orage.
L'orage se rapproche encore. Je décide de continuer ma progression. Enfin j'arrive sur la crête et j'aperçois deux cabanes : celle du berger et une autre plus loin qui normalement est une cabane pour randonneur. Il grêle. Le vent souffle très fort, la foudre tombe pas très loin. Impossible d'ouvrir la cabane destinée (?) aux randonneurs. Avec cette tempête sur la crête en plein vent le tarp ne tiendra pas. Je décide d'aller voir celle du berger. Elle est ouverte. Il y fait bon. Dans le couloir qui sert de sas, rangement et dortoir pour les chiens, il y a encore de l'eau dans leur gamelle. Le berger ne doit pas être très loin. Je décide de m'abriter là et d'y dormir si...
2 heures plus tard le berger arrive avec ses chiens. L'orage gronde toujours.
Lui : Que faites-vous là ?
Moi : Et bien je me protège de la pluie!
- Vous n'avez rien à faire là, il y a la cabane à coté...
- Elle est fermée.
- Il faut lui donner un coup de pied pour l'ouvrir! Je vous y amène. Vous avez de l'eau ?
- Un peu. Mais si je peux en avoir ... La météo pour demain ?
- Il va pleuvoir!
Je lui tends ma gourde souple de deux litres.
On arrive à la cabane en question. Coup de pied. La porte s'ouvre. Dedans c'est le bordel. Apparemment elle lui sert pour y entasser ses trucs : sacs à sel, vieux matelas crevés, chaises cassées, vieilles fringues. Elle prend l'eau. C'est sordide. Il repart.
Je décide de positiver. Je fais un peu de rangement pour dégager un espace au sec. Chanceux quand même je trouve une flasque de Ricard pas ouverte. Je me sers l'apéro et au deuxième je me prépare un repas chaud.
Je pose mon tapis de sol en Policree sur un "matelas" pour m'isoler de la saleté, je me glisse dans mon duvet. Je m'endors bercé par l'orage et les rafales de vent...
Demain est un autre jour.
Lundi 13 août.
J'ai bien récupéré. Dehors le ciel est dégagé et le vent s'est calmé. Je déjeune très rapidement et j'y vais. Toute la première partie de mon parcours, sur plusieurs kilomètres c'est sur la crête. Donc il faut avancer tant que la météo est clémente.
Vue à partir de la cabane au petit matin :
La cabane où j'ai dormi ,et au fond, celle du berger :
La direction Niaux ?
Je poursuit ma progression en direction de la Calbe (2185m)
J'arrive sur La Calbe. Il y a du réseau. J'appelle ma compagne pour lui donner de mes nouvelles et lui envoyer un selfie.
Il faut que je fasse légèrement demi-tour pour descendre sur la Font Cendrasse, puis prendre la la direction de la Jasse des Clos d'Urbats et le Pas de l'Escalier, et remonter pour atteindre la piste.
Souvenirs souvenirs encore, bivouac quelque part, par là, avec ma compagne sur cette crête en juillet 2009...
Retour à août 2018
Descendre sur la Font Cendrasse, puis prendre la direction de la Jasse des Clos d'Urbats, quitter le petit sentier qui poursuit sa descente et remonter vers le Pas de l'Escalier, puis bifurquer vers le sud pour couper dans la pente et trouver rapidement la piste.
Vers le Pas de l'Escalier :
Cela se couvre à nouveau, les brumes reviennent...
A partir de la piste je coupe directement en descendant par la vallée du ruisseau de Balledreyt jusqu'à la cabane de Balledreyt. Ruine en 2009 elle a été complètement rénovée et peut abriter une dizaine de personnes.
Je suis descendu de là-bas au fond de l'image. La progression est difficile est hors sentier. Je me suis servi des traces et des brouillons de sentes des vaches.
Je rejoins le GR10 au niveau de cette cabane et je le suis jusqu'au parking avant le retour de la pluie...
J'étais ce matin sur la crête en face :
Une fleur vue sur le Sirmont, avant de traverser les bois et redescendre en direction du parking. J'y serai vers 17h.